Pédiatrie en Drôme-Ardèche
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L’art-thérapie comme outil pour aider un enfant à vivre un deuil

 

Parce que le sujet de la mort est bien souvent tabou pour nous, adultes, dans nos sociétés occidentales, il peut alors nous sembler très difficile de l’aborder avec un enfant.

 

Ne pas leur en parler, c’est projeter nos peurs : pour les enfants, parler de la mort ne pose pas de problème. C’est un sujet qui les questionne et fait l’objet de discussions entre eux.

Il y a donc une vraie nécessité de dire les mots et c’est quelque chose que l’on peut faire très simplement.

   

Cet article vous donnera des pistes pour accompagner un enfant à traverser un deuil, un processus naturel dans la vie d’un être humain qui le fera grandir.

 

La mort, comment en parler avec un enfant ?

 

Comme chez les adultes, pour les enfants, il n’y a pas une seule et unique manière de réagir à un décès. Cela va dépendre de son âge, de sa personnalité, de son lien avec la personne décédée. Cela va dépendre aussi de s’il a déjà été confronté avec la mort, avec la perte d’un animal de compagnie par exemple, ou s’il s’agit de sa première expérience. Chaque deuil est unique, la manière de le vivre aussi.

 

Avant 5 ans, la compréhension de la mort est souvent limitée pour le petit enfant : il a du mal à conceptualiser son aspect irréversible. Il peut donc penser que la personne va revenir ou qu’il la reverra un jour. C’est à partir de 9 ans environ que l’enfant est en mesure de comprendre la permanence de la mort de quelqu’un. 

 

A cet âge là aussi, l’enfant vit dans un monde égocentré, c’est-à-dire qu’il pense que le monde tourne autour de lui et qu’il est responsable de tout ce qu’il peut arriver. L’enfant s’imagine souvent que c’est à cause de lui que ses parents se disputent par exemple.

Il peut donc arriver qu’il puisse se sentir coupable de la mort de quelqu’un. C’est d’autant plus le cas lorsque cela touche un autre enfant de la fratrie. Les sentiments que l’on peut ressentir pour un frère ou une sœur sont souvent ambivalents, car il est parfois difficile d’accepter de partager l’amour parental. C’est tout à fait normal. L’enfant peut donc, à un moment donné, souhaiter voir disparaître l’autre et si cela arrive, il peut croire que c’est totalement de sa faute parce qu’il a, un jour, pu le désirer.   

 

Il est donc essentiel de ne pas laisser l’enfant dans le doute et la culpabilité et de l’aider à mettre des mots sur les maux.

 

Que dire à l’enfant ? Doit-on tout dire à un enfant ?

Françoise Dolto parle du “Parler vrai”, Marcel Rufo de dire à l’enfant “Sa vérité”.

 

Il est primordial de dire la vérité à l’enfant : pas de non-dits, une parole vraie.

On peut avoir tendance à penser que lui cacher la vérité lui évitera de la peine, mais cela n’évitera malheureusement pas le trauma et bien au contraire ... En effet,  le secret, les mensonges, les non-dits, même s’ils sont employés à des fins bienveillantes, finalement, sont plus lourds à vivre que la vérité. “L'important, toujours, c'est de lui dire la vérité. Si on la lui cache, c'est que l'on considère qu'il y a eu une faute.” Françoise Dolto

Par exemple, dire à un enfant que son père est parti en voyage pour lui éviter la douleur de savoir qu’il est mort sera lourd de conséquence dans sa construction future. Il vivra dans l’espoir de son éternel retour et se questionnera sans cesse pour essayer de comprendre pourquoi son père l’a abandonné.

 

Bien sûr, la mort d’un être cher est douloureux. Parler n’évitera pas le chagrin, mais cela évitera à l’enfant un traumatisme, une incompréhension. Quoi que l’on puisse en penser, l’enfant est capable de comprendre, de traverser la crise. C’est un apprentissage de la vie, douloureux certes, mais qui ne créera pas de blessure. Il pourra apprendre que  l’« on peut vivre heureux après la mort, malgré un chemin douloureux. »(Nadine Beauthéac « 100 réponses aux questions sur le deuil et le chagrin »).

 

La vérité : c’est ce qui va lui permettre de grandir.

Mais il ne s’agit pas de TOUT dire à l'enfant. Il y a SA vérité, ce qui est entendable pour lui.

En effet, dire la vérité à un tout-petit, ce n’est pas tout lui dire, mais seulement ce qui le concerne : le fait. Il ne faut pas l’encombrer avec le reste, ce qui ne le concerne pas directement.

 

Quel langage ? Quels mots employer ?

Il y a chez les enfants de nombreux malentendus car nous ne nous rendons pas compte que les mots que nous employons peuvent avoir un double sens. Par exemple, l’enfant ne comprendra pas que l’expression “perdre quelqu'un” signifie qu’une personne est morte.

Soyez vous-même, utilisez des mots simples et faites avec ce que vous êtes. C’est l’authenticité et la sincérité qui comptent.

L’ouvrage La mort, j’en parle avec mon enfant d’Isabelle et Michel Hamus pourra également vous guider pour trouver les mots.

 

Je vous conseille également de visualiser cette vidéo de Marcel Rufo, où le pédopsychiatre, répond à la question que tous les parents se posent un jour : "Comment parler de la mort avec un enfant ?" : https://www.youtube.com/watch?v=Wx5sFy3nyww&ab_channel=Rufoendittrop

 

En quoi l’art-thérapie peut-elle être un outil pour aider l’enfant à vivre un deuil ?

 

  • L’art-thérapie comme moyen d’exprimer ses émotions

C’est un très bon outil pour l’aider à mettre des mots sur ce qu’il ressent.

Vous pouvez lui proposer dans un premier temps, de définir ensemble les principales émotions comme le choc, la surprise (bonne ou mauvaise), la tristesse, la colère, la joie, la peur …

Ensuite lui proposer de représenter ses émotions par le dessin, la peinture ou même en les mimant.

Et à partir de ces éléments, vous pouvez engager un dialogue : “La colère, c’est cela que tu ressens quand tu penses à ta grand-mère ? Pourquoi es-tu en colère ? Tu es triste parce que ta grand-mère est morte ?... Peux-tu me montrer lequel de ces dessins que tu as faits, se rapproche le plus de ce que tu ressens aujourd’hui ? ”

 

  • L’art-thérapie comme outil pour mettre en place un rituel personnel et personnalisé

 

L’enfant peut avoir envie ou non de prendre part au rituel funéraire. Ne le forcez pas et laissez le libre dans ses choix, il sait ce dont il a besoin. Expliquez-lui juste en détails comment cela se déroule et pourquoi ces pratiques ont lieu.

En parallèle, vous pouvez lui proposer de faire ses adieux à la personne par un acte personnel et symbolique. En écrivant un poème, une chanson, en réalisant un dessin, en plantant une fleur, en réalisant une bougie … Réfléchissez ensemble à une activité créative qui lui permettra de ritualiser lui aussi ce moment pour l’ancrer dans sa réalité et faire son adieu à la personne décédée.

 

  • L’art-thérapie pour immortaliser la personne et le lien entretenu avec elle

 

La personne est morte, elle ne reviendra plus mais il n’en reste pas moins que le lien, ce que nous avons vécu avec elle restera à jamais en nous.

Parler de cette personne, comment elle était, ce qu’elle aimait, ce qu’elle faisait, raconter ce qu’on aimait faire avec elle, ce qui nous faisait rire, etc...  peut faire beaucoup de bien.

La personne reste vivante dans nos mémoires tant que nous la faisons vivre, tant que nous pensons à elle. On peut faire le dessin de son Papy pour se souvenir et l’immortaliser dans nos cœurs.

Cela peut être une œuvre collaborative, un moyen de se retrouver ensemble et de partager nos peines et nos souvenirs. “Tu vois sur cette partie, je vais dessiner mon Papa, ce que j’avais l’habitude de faire avec lui et toi sur cette partie tu peux le dessiner parce qu’il était aussi ton Papy, que tu l’aimais beaucoup et que tu partageais des choses avec lui.”

 

  • L’art-thérapie comme support d’expression tout simplement

 

Le dessin c’est le moyen d’expression privilégié des enfants. Il est universel et leur permet d'extérioriser ce qu’ils vivent. Plus ils vont dessiner, plus ils vont exprimer ce qu’ils ressentent. C’est un très bon moyen pour eux d’accéder à un mieux-être.

 

Vous pouvez alors proposer à l’enfant un Dessin Libre à partir de crayons de couleur, de feutres ou de peinture. Soyez attentif lorsqu’il élabore son dessin : que raconte-t-il autour de sa production ? Quelle est l’histoire de son dessin ?

Car il y a toujours une histoire derrière le dessin, et même s’il n’en a pas conscience : l'histoire c’est celle de l’enfant qui dessine.

Écoutez l’enfant, formulez des hypothèses, imaginez des histoires, jouez avec lui à partir de son dessin. Aidez le à formuler ce qu’il ressent, répondez à ses questions s’il vous en pose. Si vous n’avez pas la réponse, dites-lui que vous allez vous renseigner, prenez le temps d’y réfléchir, de vous documenter.

 

Enfin, et c’est le message essentiel de cet article : soyez juste vous, authentique et présent, c’est la meilleure chose que vous puissiez faire pour lui et pour vous.

 

Article rédigé par Madame Emilie Rimbert, Art-thérapeute en Isère

 

Bibliographie et Webographie

Nadine Beauthéac, 100 réponses aux questions sur le deuil et le chagrin

Françoise Dolto, La Cause des enfants

https://www.yapaka.be/thematique/deuil

https://www.youtube.com/watch?v=Wx5sFy3nyww&ab_channel=Rufoendittrop

 

 

 

 


[1] Nadine beauthéac « 100 réponses aux questions sur le deuil et le chagrin »

Dernière modification le 04/10/2021 à 10h46

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